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Les militants ont exprimé leur frustration en jetant des oeufs, pour protester contre une série de politiques gouvernementales qu’ils disent être plus favorables aux entreprises qu’aux travailleurs.
Photo: plus de 4 000 manifestants ont pris part à la protestation ce dimanche dans les rues de Taipei (AFP).
TAIPEI 臺北 – Des milliers de travailleurs, d’étudiants et de militants sociaux ont jeté des œufs contre le bureau présidentiel à Taipei ce dimanche lors d’une manifestation contre différentes réformes économiques et sociales en cours. Ce sont cinq défilés différents qui après avoir traversé toute la ville se sont rassemblés devant le Bureau Présidentiel. « ‘Fuck’ le gouvernement. C’est une ordure», ont chanté à l’unisson des milliers de manifestants rassemblés sur le boulevard Ketagalan en se déplaçant vers le bureau présidentiel.
Comme ils arrivaient devant le bureau présidentiel, des barrages de police les a arrêtés à environ 300 mètres du Bureau. Ce sont des milliers d’œufs qui ont alors été jetés sur les barricades, accompagnés de cris de colère, des applaudissements et des sifflets. Le chef de la police du district de Zhongzheng, Fang Yang-tion, commandant les forces de police sur les lieux, a alors déclaré à la foule que les jets d’œufs sont interdits par la loi, et leur a demandé de se disperser. Cependant, les manifestants ont continué, recouvrant le sol de jaunes d’œufs et de coquilles fêlés.
Avant que la manifestation n’arrive devant le bureau présidentiel, les manifestants avaient traversé la ville en cinq cortèges différents, chacun représentant l’un des problèmes sociaux actuels : la «marchandisation» de l’éducation, la discrimination raciale, la saisie forcée de terres agricoles, une économie axée sur la compétition et la détérioration du système d’assurance sociale.
« La manifestation d’aujourd’hui est une démonstration de tous les membres de la classe ouvrière et intègre des questions relatives à l’éducation, à la protection de l’environnement, de l’agriculture et de la discrimination raciale», indiquait un militant syndical de longue date, Lin Tzu-wen à la foule. «Ces dernières années, le gouvernement s’est appuyé de plus en plus sur le capitalisme, tout en négligeant la souffrance de la population en général. Il est temps pour nous de leur rappeler de prêter plus attention aux personnes, et non pas juste à quelques-uns ».
Hsu Chia-chuan porte-parole de l’Association Internationale des travailleurs de Taiwan a précisé que les politiques économiques récentes du gouvernement ont cherché à réduire les coûts de main-d’œuvre pour les ouvriers étrangers, tout en assouplissant les restrictions sur les cols blancs étrangers. « Ce n’est pas seulement de la discrimination raciale, mais aussi de la discrimination de classe», a précisé M.Hsu. « Certaines des politiques que le gouvernement est en train de penser actuellement comprennent l’abaissement du seuil pour les entreprises qui embauchent des travailleurs étrangers et l’exclusion du droit des ouvriers étrangers au salaire minimum », a-t-il précisé.
«Il y a beaucoup de groupes différents réunis ici qui sont inquiets à propos de ces différentes questions, parce que nous sommes tous confrontés à un problème de base – la tendance à la droitisation libérale à outrance de ce gouvernement », indiquait la porte-parole de l’association radicale ‘Raging Citizens Act Now’, Lai Hsiang-ling. Elle a indiqué que le gouvernement faisait de l’éducation une marchandise, ce qui fait que « c’est de plus en plus cher d’aller à l’école ». Elle a également déclaré que le gouvernement tentait d’importer des travailleurs pour pas cher en provenance d’outre-mer, » cela devient de l’exploitation des travailleurs étrangers et nationaux au profit des grandes entreprises ».
« Le gouvernement saisit des terres agricoles pour faire place à des usines parce que les grandes entreprises l’exigent. Le gouvernement permet aux magnats industriels d’accroître leur capacité au détriment de l’environnement », a-t-elle également indiqué. « Le gouvernement prévoit que le fonds de retraite pourrait s’effondrer d’ici deux décennies, la solution qui lui est alors venue à l’esprit est de demander aux travailleurs de payer encore plus de cotisations plus élevées, de forcer les retraités d’accepter une baisse des pensions et forcer les actifs à accepter une retraite à un âge plus avancé, tout en continuant à accorder des allégements fiscaux et d’autres mesures favorables aux capitalistes ».
Un gestionnaire d’une société de négoce de Taipei, surnommé Chang précisait que le temps était venu non seulement de montrer sa colère contre le gouvernement, mais aussi sa solidarité avec les jeunes. « Quand j’étais jeune, j’ai toujours cru que l’on pouvait avoir une vie réussie si l’on travaillait assez dur, mais il ne semblerait que ce ne soit plus le cas aujourd’hui », indiquait-il. « Mon fils est ingénieur électricien, il travaille dur, mais il a perdu son premier emploi quand son entreprise a déménagé de l’autre côté du détroit. Peu de temps après, dans son deuxième emploi, il a été mis en congé sans solde par son patron pendant un certain temps du fait du ralentissement économique ». « C’est dimanche aujourd’hui, mais il ne peut pas venir ici, parce qu’il fait des heures supplémentaires dont certaines le dimanche – il travaille dur, en fait, il travaille encore plus dur que ce que j’ai fait, mais je ne me sens pas aussi optimiste pour lui, comme je l’étais à son âge » a déclaré M.Chang •
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