Vendredi saint et crucifixions aux Philippines

C’est un marronnier avant Pâques, mais chaque année, c’est surprenant, amusant ou choquant selon les cas… Malgré la désapprobation de l’Eglise, cette année encore, au Sud de Manille, 4 hommes se sont fait crucifier, en mémoire de Jésus.

Photo: Wilfredo Salvador, 57 ans, cloué sur la croix, comme Jésus Christ, ce vendredi saint à San Fernando (EPA 環境保護署).

MANILLE (Avec Agences) – Le catholicisme est encore bien présent aux Philippines, où les dernières heures du Christ sont répétées, et où les plus fervents se font clouer en hommage sur des croix, comme le Messie, et ce en dépit de la désapprobation de la chose, par l’Eglise Catholique elle-même.

Des étrangers, et même des touristes locaux, se sont précipités ce vendredi à San Fernando, à 90 minutes de route au Sud de la capitale Manille, pour assister à ce spectacle, où cette année, 4 personnes ont accepté de rejouer, en vrai, la « Passion du Christ ». Le spectacle était cependant quelque peu sanglant. Sur un terrain vague du district de San Juan, sous un soleil brûlant, de longs clous se sont enfoncés dans les pieds et les mains des 4 hommes qui ont été ainsi suspendus à la croix, alors que les fidèles autour, priaient pour eux.

Ailleurs dans la ville, ce sont des dizaines de pénitents qui se fouettaient en signe de repentance, avec des fouets en bambous. Les dévots font généralement ce sacrifice afin de faire racheter par Dieu des pêchés, ou bien pour demander au Seigneur de leur accorder un cadeau, comme la guérison d’un être cher. « Je suis habitué, c’est la quatorzième fois que je me fais crucifier », disait Alex Laranang, 58 ans ce vendredi. Laranang, petit, mince, la peau brûlée par le soleil, vend d’habitude des petits pains aux touristes qui passent en bus. « C’est juste des grosses aiguilles qui passent à travers mes mains. Deux jours après, je peux repartir travailler ». Selon lui, son sacrifice annuel permet à ses deux enfants, et à sa femme, d’avoir une bonne vie et une bonne santé.

Accompagné de ses trois compagnons d’infortune, ils grimaçaient de douleur, tout de même, quand les « grosses aiguilles » ont été plantées, mais ils fixaient le ciel, et semblaient en transe quand ils ont été érigés sur la croix, sous le soleil, pendant 10 longues minutes. Une fois descendus, ils ont rejoint la tente médicale, sous les applaudissements et les flashs des touristes.

Ces crucifixions apparaissent aux Philippines tous les ans, malgré la désapprobation de l’Eglise Philippine. « Les cardinaux Philippins, le répètent à l’envie, l’Eglise désapprouve », indiquait encore hier, le Père Francis Lucas, responsable de la communication de l’Eglise Philippine. « Nous avons tellement de croix à porter dans notre vie, nous n’avons pas besoin d’en avoir une vraie ».

Les Philippines, ancienne colonie espagnole, comptent plus de 80 millions de catholiques, et l’Eglise y maintient un fort pouvoir. L’avortement et le divorce, y sont par exemple, toujours interdits •

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