Critique de film: Ripples of Desire

2812-05

Connue pour ses films à thématique homosexuelle, Zero Chou, revient avec un drame ayant pour ambition de dépeindre un amour hétérosexuel et l’histoire de Taiwan.

Photo:  South Island Film Inc

TAIPEI 臺北 – « Ripples of Desire (花漾) ». La cinéaste lesbienne Zero Chou fait une pause par rapport à ses dernières œuvres acclamées par la communauté homosexuelle de Taiwan – notamment Splendid Float (豔光四射歌舞團,2004), Spider Lilies (刺青,2007) et Drifting Flowers (漂浪青春,2008)- pour nous raconter une histoire d’amour hétérosexuelle et de trahison située sur une île fictive au cours de la dynastie des Ming. Avec un casting de stars idoles de la pop musique taïwanaise, mené par Jerry Yen et Michelle Chen, le premier film à gros budget (150 millions de NT$) de Zero Chou, possède à la fois l’attrait commercial et de l’ambition cinématographique pour créer un drame qui est sans équivoque taïwanais.

Accompagné par une musique composée par l’emblématique musicien de folk Chen Ming-chang, le film s’ouvre avec deux jeunes demoiselles, Snow (Michelle Chen) et Frost (Ivy Chen), qui doivent affronter la foule importante des habitants sortant pour se joindre aux célébrations du Mois des Fantômes. Bien qu’utilisé comme une colonie pénitentiaire par l’Empire des Ming, le sud de l’île s’est développé néanmoins avec le commerce et était depuis longtemps devenue un refuge pour les marchands, les aventuriers, les pirates et les parias venant de partout en Asie. A la tête d’une troupe de marins, le charismatique Maître Hai (Simon Yam) place l’endroit sous sa protection. Hai et ses hommes tentent alors de gagner le respect en offrant de l’aide à la population locale, tout en défendant l’île contre les colons blancs et l’armée impériale Ming.

Au centre de ces activités animées se trouve un bordel tenu par madame Hua Yue (Sandra Ng), sous le nom de « Ripples of Desires » qui va s’occuper des deux soeurs, Snow et Frost, afin de les former à devenir des courtisanes respectées dans l’île. Vertueuse et généreuse, Snow tombe rapidement amoureuse de son professeur de chant Wen (Cheng Joseph). Frost, de son côté, est d’avis que, pour survivre dans ce monde cruel, elle a besoin d’apprendre l’art de la manipulation et de dissimuler ses sentiments pour Scarface (Jerry Yen), le bras droit de Maitre Hai.

Au coeur d’une histoire où se mèlent la jalousie, la discorde et la passion, les deux sœurs ont du mal à cacher le secret que l’une d’entre elles dissimule: une maladie honteuse, qui va ruiner leur vie si elle est portée à la connaissance des insulaires.

Inspiré par les souvenirs d’enfance de la réalisatrice à Keelung, une ville portuaire où les marins de tous les coins du monde débarquent et vont chercher le réconfort dans le quartier ‘rouge’, le film tisse habilement une fable d’une île de Taiwan prise entre le pouvoir de l’Ouest et la Chine impériale, à travers une histoire d’amour fascinante entre ceux qui choisissent de rester sur l’île sauvage. Dans son traitement du film d’époque, Zero Chou remplace le réalisme de l’histoire par une certaine esthétique pop, semblables à celle des jeux vidéo.

La sensibilité pop est renforcée par une distribution de grande classe, les jeunes étoiles de la nouvelle génération pop taïwanaise. Cependant, la profondeur émotionnelle requise par les personnages est parfois sacrifiée pour faire place à l’attraction de jolis acteurs et actrices. La construction narrative inégale des œuvres antérieures de la réalisatrice est toujours présente, avec des clichés mélodramatiques parfois particuliers qui coupent le flux narratif par ailleurs relativement lisse.

Annoncé comme le premier film « dramatique en costumes » fait à Taiwan depuis 15 ans, « Ripples of Desire » a une certaine part de défauts, mais mérite une attention et des encouragements pour démontrer son ambition envers l’industrie cinématographique taïwanaise, en collaboration avec des talents locaux pour créer un drame qui n’a pas été fait depuis plus d’une décennie. C’est aussi un exemple réussi de la façon dont les cinéastes taïwanais peuvent maintenir une forte identité locale et leurs sensibilités particulières même si l’on travaille en collaboration avec la Chine afin de viser le marché de langue chinoise •

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