Mo Yan: « le Prix Nobel, c’est beaucoup de pression »

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L’auteur chinois Mo Yan a indiqué que les demandes et les attentes envers un lauréat du Prix Nobel étaient très importantes, et brisaient rapidement la joie que procure l’obtention du Prix.

Photo: DR

PEKIN 北京 – Dans une interview avec China Central Television (CCTV 中国中央电视台), le Prix Nobel de Littérature 2012 a refusé de dire s’il était « heureux » d’avoir reçu cet honneur international la semaine passée, que beaucoup ont vu comme une reconnaissance ultime de la littérature chinoise moderne. « Je ne me suis pas posé la question (…) j’ai une grosse pression maintenant, et je dois me préoccuper de beaucoup de choses. Ainsi, suis-je heureux ?  » a-t-il déclaré lors du programme « One to One », diffusé dimanche soir sur la chaîne publique chinoise.

L’écrivain de 57 ans a reconnu que de nombreuses personnes ne comprenaient pas son appréhension à propos d’une telle récompense. Il a cependant indiqué qu’il était effrayé que ce nouveau statut puisse à terme l’embarrasser. « J’étais plus qu’heureux de gagner le prix, heureux et terrifié, mais si je me plains trop, les gens vont dire que je suis trop prétentieux, car après tout, comment ne pas être heureux après avoir gagné un Prix Nobel ? ».

Mo Yan a précisé que sa notion de joie signifiait « se relâcher de tout. Pour moi, être heureux, c’est être libre de toute pression, être en bonne santé, et ne souffrir aucune pression ». L’auteur a indiqué qu’il ne croyait pas qu’un Prix Nobel puisse avoir un tel impact sur le développement de la littérature chinoise. Il a précisé que l’enthousiasme pour son travail allait probablement s’éteindre rapidement, « une fois que le battage médiatique sera retombé ».

Mo Yan a indiqué qu’il continuerait de porter son bagage physique et émotionnel, empreint d’une enfance affamée dans le petit village de Gaomi, où il est né, dans la Province du Shandong, toute une vie passée qui a inspiré son travail depuis toujours. Il avait 4 ans quand la famine a touché la Chine à la fin des années 50 après le « grand bond en avant » de Mao Zedong (毛泽东). Sa famille a été forcée de manger de l’herbe. « Le premier souvenir qui me revient de mon enfance, c’est ma sœur et moi, en train de nous battre pour de la nourriture » déclare Mo Yan.

Mo Yan a indiqué que de telles expériences lui avait fait apprécier sa promotion comme cadre junior de l’Armée de Libération Populaire. « J’étais très excité à ce moment, plus que jeudi dernier quand j’ai gagné le Nobel, parce que, devenir un officiel de l’armée, cela veut dire que vous n’avez plus à repartir vivre au village » •


Deux livres de Mo Yan publiés en France (DR)

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